
Giquello – Tentation n°3 – Paris
22 mai 2025

TENTATION°3
Jeudi 22 Mai 2025 18:00
Salle 9 – Hôtel Drouot , 9, rue Drouot 75009 Paris
Lot 17
73 x 111 cm
Provenance : – Docteur Samuel Pozzi
– Jean Pozzi
– Vente Maîtres Rheims et Laurin, Palais Galliera, Paris, 4 décembre 1970, succession Jean Pozzi, lot 83
Bibliographie :
– Robert de Montesquiou, Paul Helleu, peintre et graveur, Paris, 1913, décrit p. 30 et 31
– Catalogue Vente Palais Galliera Paris, 4 décembre 1970, lot 83
– Répertorié dans les archives de l’Association Paul-César Helleu (APCH) sous le n° PA-4438
Au verso de la toile se trouve le tampon du marchand de couleurs “TROISGROS FRERES. Fabricants, 105 rue Cardinet/Maison principale 35 Rue de Laval” Le guide Labreuche précise que ce marchand de couleurs est actif à Paris entre 1883 et 1892. Selon les attestations documentaires, cette maison est installée entre la rue Cardinet et la rue de Laval entre 1884 et 1887.
Nous retrouvons ce même cachet au verso du Portrait de Mathilde Sée, pastel sur toile, exécuté par Helleu vers 1886 et conservé au Musée Bonnat à Bayonne.
Paul-César Helleu expose à la Société des pastellistes dès 1885 et l’un de ses premiers pastels sur toile connu est le portrait de la jeune Alice Guérin (qui deviendra son épouse) réalisé en 1884 et actuellement conservé au Musée Bonnat à Bayonne. Le catalogue raisonné de l’œuvre de cet artiste recense pas moins de cent quatre-vingts pastels.
Cette technique est très en vogue en France dans la deuxième moitié du XIXe siècle et au début du XXe, comme l’a si bien illustré l’exposition que lui a consacré le Musée d’Orsay en 2023.
Et Robert de Montesquiou d’écrire, en 1913 : “Certes, Helleu préfère, et il a raison, demeurer, ainsi que l’a nommé Goncourt, l’auteur « des pastels où l’on sent un œil de peintre, amoureux de douces étoffes, de tendres nuances passées, de soieries harmonieusement déteintes ». Il ne manque d’insister sur l’importance pour l’artiste de la chevelure de ses modèles “Le cher modèle aux cheveux couleur de souci” avant de rendre hommage au peintre graveur : Et ne sera-ce pas un bel éloge si l’on dit de lui, si l’on grave sur son marbre : homme d’un seul dieu : l’Art ; d’un seul maître : le Goût ; d’une seule femme : « le charmant modèle qui prête la vie élégante de son corps à toutes ces compositions, ne pouvant faire un mouvement qui ne soit de grâce et d’élégance, et que, dix fois par jour, le peintre s’essaie à surprendre »… la multiforme Alice, dont la rose chevelure illumine de son reflet tant de miroirs de cuivre ?”
Robert de Montesquiou écrivait en 1913, à propos de cette « femme au miroir » : “Un mystérieux pastel est encore la propriété du Docteur Pozzi, véritable leçon de choses, chez ce savant thérapeute. Une jeune femme, une accouchée, une opérée peut-être, béatement convalescente, en une crépusculaire clarté d’alcôve, s’amuse à effleurer d’une fleur, un miroir dont le cadre d’argent, miroir lui-même, reflète, non moins que la glace, les turquoises de rayons épars, de foyers distants, d’horizons lointains. Et cette fleur, par une harmonie de coloris, une loi de sentiments, se trouve être un souci, qui met comme une blessure dans tout ce linge bleuté, et dont l’orangé, entre les céreuses mains, répète, avec plus de vivacité, la nuance des cheveux noués au-dessus du visage de cire.” Un souci promené sur un miroir Par des mains hésitantes de malade ; Pâles doigts d’une cire où l’on croit voir S’effeuiller le souci d’un jour maussade. Un miroir où du bleu s’est reflété, Sans qu’on sache encore bien ce qui l’azure ; Et le tout, moins fini que complété Par un front où s’endort une blessure. Une tête aux cheveux d’ambre roussi. Au bleuté du limon mêlé par vagues, Comme un autre abandon d’humain souci, Sur l’azur du miroir des rêves vagues.
Le Docteur Samuel Pozzi, propriétaire de ce pastel dès le début du XXe siècle était un important collectionneur, ami de Robert de Montesquiou et dont le portrait avait été réalisé par John Singer Sargent, lui aussi proche de Paul-César Helleu. Il est aussi et avant tout un célèbre médecin de la Belle Époque, titulaire de la première chaire de gynécologie en France.
Lors de le vente de la succession du diplomate Jean Pozzi, fils du célèbre chirurgien, le 4 décembre 1970 au Palais Galliera à Paris, on retrouve le portrait du Docteur Pozzi dans son intérieur par Sargent, (acquis alors par Armand Hammer et conservé aujourd’hui à la Hammer Collection à Los Angeles), une peinture de Giovanni Boldini, un dessin d’Edgar Degas, et notre pastel de Helleu avec le titre Femme à l’œillet.